Demolition (film de Jean-Marc Vallée) : démolir, c’est aussi faire le deuil
Jean-Marc Vallée, réalisateur canadien de 53 ans, aime bien mettre ses acteurs masculins dans des rôles extrêmes.
En 2013, le texan Matthew McConaughey perdait un nombre considérable de kilos, et pas mal de son sex-appel aussi, pour jouer Ron Woodroof dans Dallas Buyers Club. Woodroof, qui a réellement existé, amateur de rodéo et de sexe, apprend sa séropositivité qu’il croyait réservée aux homos et vend clandestinement des médicaments expérimentaux à d’autres séropositifs dans le cadre du Dallas Buyers Club (il y aura 12 DBC). McConaughey, devenu un excellent acteur, y campe un Woodroof plus vrai que nature.
En 2016, c’est Jake Gyllenhaal qui se colle à la performance dans Demolition. Il incarne Davis, un trader qui a un accident de voiture avec sa femme, elle meurt, lui pas.
Pour lui qui travaille dans la société de son beau-père (Chris Cooper), financier très fortuné, commence un très long chemin. Incapable de pleurer la mort de sa femme qu’il voit pourtant un peu partout, Davis entame un processus de démolition, au sens le plus concret du mot, au point de se faire embaucher dans une société spécialisée dans la démolition de maisons.
Il fait la connaissance de Karen(Naomi Watts), femme un peu paumée et portée sur la fumette, dont le jeune fils Chris (Judah Lewis) est plus ou moins livré à lui-même.
Si la relation de Davis et Karen n’est pas très intéressante, la métaphore de la démolition matérielle pour exprimer le ravage que peut faire un deuil dans une vie est très intéressante. Je regrette de ne pas y avoir pensé plus tôt : casser des murs, des meubles, des objets à coups de masse doit être extrèmement libérateur.
Jean-Marc Vallée restitue très finement la relation qui s’installe entre cet homme, veuf et peu bavard, et l’adolescent qui se cherche (très bien joué) et lui fait peu à peu confiance. Leurs dialogues sonnent juste.
Un film un peu étrange, imparfait, mais à voir si on se sent concerné(e) par la manière dont on peut gérer un deuil.
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4 Comments
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Le cinéma américain adore ce genre de rôle avec une métamorphose totale.
Un sujet spécial – est-ce vraiment le bon moyen pour faire son deuil ? Pour ne pas regretter la casse après, mieux vaut peut-être tout quitter
Bonjour Colette, pas encore vu ce film, j’hésite même si je me doute que Jake Gyllenhaal soit très bien dans son personnage. Bonne journée.
Je n’en ai vu aucun mais ce sont deux acteurs que j’aime beaucoup. Bon dimanche, Colette !
C’est drôle, on me l’a conseillé pas plus tard que hier soir ! 🙂