Liad Shoham et Dror Mishani, polars israéliens
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Shoham et Mishani sont les deux étoiles du polar israélien depuis la mort en 2005 de Batya Gour.
En raison de la nature particulière de l’Etat d’Israël, le roman policier est un genre qui y a été longtemps sous-représenté. Quasiment pas d’auteurs et très peu de traductions, sauf Sherlock Holmes et Simenon.
Liad Shoham a écrit Terminus Tel Aviv (10-18) et Oranges amères (Edition les Escales, 2015, traduit par Laurent Cohen), plus Tel Aviv suspects (que je n’ai pas lu).
L’inspectrice Anat Nahmias, petite jeune femme un peu garçonne, enquête d’abord sur les mafias qui exploitent les clandestins africains, puis à Petah Tikva, banlieue ordinaire de Tel Aviv, sur les affaires immobilières de l’endroit et les deux familles qui les gèrent depuis des décennies, sur fond de campagne électorale pour la mairie.
Un crime lance chaque histoire, une responsable d’association humanitaire pour le premier et un journaliste free-lance pour le second.
Corruption, mensonges, arrangements politicards, la vie près de Tel Aviv n’a rien à envoyer à celle des autres grandes villes du monde.
Shoham donne vie à des milieux dont on n’imagine pas forcément l’existence dès qu’on sort des classiques américains et c’est ce qui fait la force et l’intérêt de ses romans. Tous ses personnages
sont crédibles et les histoires très intéressantes sans être trépidantes, ni misérabilistes. Anat Nahmias essaie de faire son travail entre un milieu professionnel souvent condescendant à son égard, ses parents qui veulent absolument la voir se marier et ses élans sentimentaux.
Petite interview de l’auteur qui dit écrire essentiellement pour traiter des problèmes sociaux ici.
De Dror Mishani, j’ai lu Une disparition inquiétante (Seuil, 2014, traduit par Laurence Sendrowicz). Le point de vue n’est pas du tout le même que celui de Shoham. Un adolescent disparait un matin en allant au collège à Tel Aviv. L’inspecteur Avraham Avraham reçoit la mère en fin de journée et laisse passer la nuit avant de signaler la disparition. L’intrigue est lente, le personnage de l’inspecteur assez inconsistant. L’auteur a voulu insister sur son indécision et son manque de repères sans réussir à le caractériser. Les personnages secondaires sont assez caricaturaux ou artificiels. Je n’étais pas emballée jusqu’au retournement final, plus intéressant que le reste du livre.
Malgré tout, on a l’impression que l’auteur ne maîtrise pas encore bien le genre.
A lire, une interview de l’auteur où il donne son point de vue sur la situation du roman policier en Israël.
A travers ces deux auteurs, on comprend que les militaires, et particulièrement les services secrets, ont un prestige énorme en Israël et que la vie de policiers ne parait pas très intéressante aux yeux du grand public, pas plus que le récit de crimes « ordinaires ».
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