Madame la Ministre (documentaire de Michèle Dominici)
La 3 a rediffusé mercredi – et vous avez donc deux jours pour le revoir- le documentaire de Michèle Dominici, sorti en 2012.
Il est passionnant. Elle interroge et filme (sans jamais se montrer) sept femmes qui ont été ministres : Elisabeth Guigou, Michèle Alliot-Marie, Dominique Voynet, Rachida Dati, Marie-Georges Buffet, Corinne Lepage et Nathalie Kosciusko-Morizet.
Ces sept femmes, de parcours et d’origine sociale et politique différentes, certaines énarques, d’autres juristes, se rejoignent sur plusieurs points. Le monde de la politique est impitoyable, mais encore plus pour les femmes, qui sont davantage observées et jugées sur leurs tenues, leurs couleurs de cheveux, leur tour de taille que sur leurs réalisations et leurs propositions. Trop ou pas assez jolies, trop à la mode ou trop mémères, trop vieilles ou trop jeunes, les hommes ont toujours quelque chose à redire, sur l’apparence de leurs collègues députées, sénatrices ou ministres.
Elles parlent aussi des autres femmes ministres, celles qui ont ouvert la route: Simone Veil et son combat pour légaliser l’avortement, Edith Cresson, première et seule femme Premier Ministre, Ségolène Royal, première et seule femme socialiste à s’être présentée à la présidentielle et avoir affronté au second tour le candidat de droite.
Cresson comme Royal ont affronté les remarques les plus vulgaires, les insultes les plus basses, les critiques les moins fondées.
Qu’on se rappelle le Bêbête Show où Edith Cresson a été transformée en panthère, surnommée « Amabotte » par « Dieu », alias, Mitterrand.
Royal a dû se battre contre son propre camp, et même son ex-compagnon, flanqué d’une nouvelle partenaire, bien peu solidaire. Pourtant que de chemin parcouru depuis la jeune mère de famille, fraîchement élue, qui s’indignait de ce qu’il n’y ait pas de crèche à l’Assemblée alors qu’il y avait un pratice de golf à la candidate charismatique!
Ces femmes se sont vues souvent nier leurs capacités par des hommes qui, pourtant, n’avaient parfois guère plus d’expérience ou de compétence. Mais, certaines ont aussi joué la carte de la féminité exacerbée : les tenues étudiées, les talons de 10 cms ou plus, les poses dans les magazines grand public (Guigou à l’époque où elle était « sherpa » de Mitterand, Dati et Kosciusko-Morizet posant dans Paris-Match ou arrivant dans la cour de l’Elysée avec des bottes d’amazone), avant d’adopter des tenues plus sobres … Pas facile de trouver le chemin entre le goût de la mode et les contraintes de la politique.
Peu de critiques entre elles, à part Elisabeth Guigou aux yeux de qui personne ne trouve grâce (pas préparées pour le poste, pas adaptées au ministère qu’elles ont eu….)
Regardez ce documentaire! Quatre ans plus tard, les choses ont-elles vraiment bougé?
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3 Comments
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Je pense qu’il y a encore un long chemin très escarpé à faire et pas seulement dans le domaine de la politique…..
Heureusement parfois certaines arrivent peu à peu à tirer leur épingle du jeu.
Espérons!!!!!
Belle semaine.
C’est vrai, pour les femmes politiques il y a une double-peine !
On mesure ainsi le chemin qu’il reste à parcourir ! Le monde de la politique évolue très lentement…