Guy Ritchie renoue enfin avec ce qui est son « genre  » de films : le film de mecs, petits ou grands voyous, mais toujours un peu branquignols. Chacun a son style, sa gueule, sa manière de parler.
On retrouve l’esprit de Arnaques, crimes et botanique (Lock, Stock and Two Smoking Barrels), son premier film sorti en 1998 et surtout de Snatch, sorti deux ans plus tard.
Snatch est un chef d’oeuvre, au même titre que les Tontons flingueurs : les situations absurdes, le casting insensé, la présence de Brad Pitt, méconnaissable, dans un rôle de Gitan au langage totalement incompréhensible et gagne sa vie avec des matchs de boxe, un méchant ingérable (Alan Ford) avec de grosses lunettes. Bref une jouissance des dialogues, des rebondissements, des acteurs et de l’histoire.

Ritchie, à gauche sur la photo
Ritchie, à gauche sur la photo

Dans The Gentlemen, on retrouve un peu tout ça : beaucoup d’hommes et une seule femme, des dialogues ciselés, des retournements de situation qu’on ne voit pas toujours venir et une allure vestimentaire incroyable.
Hugh Grant, en contre-emploi, qui pourrait être le pendant de Brad Pitt : loin de ses rôles d’amoureux romantique, il interprête Fletcher, un journaliste de tabloïd qui, à l’occasion d’une enquête sur le boss de la beuh, Mickey Pearson (Matthew McConaughey, peut-être légèrement en dessous de certains de ses grands rôles, comme Killer Joe ou Mud). Grant porte une veste en cuir brillant qui ressemble furieusement à du skai et a des lunettes teintées qui contribuent à son air sournois d’homme qui se croit très malin.
Pearson/McConaughey voudrait vendre son business à Matthew (Jeremy Strong), autre Américain qui vit en Grande-Bretagne et qui, bien évidemment, ne veut pas payer le prix demandé.
Raymond est le bras droit et l’homme de confiance de Pearson. Joué par Charlie Hunman qui avait incarné pour Ritchie le Roi Arthur, il est assez loin physiquement de son rôle de beau gosse dans Sons of Anarchy.
Et puis passent aussi l’impayable Colin Farrell (the Coach), accent irlandais bien présent, patron d’un club de boxe et d’une équipe de chiens fous, et Henry Golding qui jouait l’amoureux romantique sur un scénario très Marc Lévy-ssien dans Last Christmas dont j’ai parlé ici , jeune mafieux ambitieux qui veut gagner ses galons de chef en évincant Lord George (Tom Wu).

Ritchie fait aussi un peu de morale dans son film : l’herbe, ce n’est pas dangereux, l’héroïne, c’est mal et ceux qui en vendent sont très méchants.

Mais une des choses les plus marquantes de ce film, c’est l’allure vestimentaire des acteurs, soigneusement étudiée. Pearson/McConaughey en parfait gentleman britannique (costume trois pièces, tissus anglais) moderne et le plus proche des tenues habituellement portées par Ritchie lui-même.

image celebcover.com
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Raymond/Hunman moins flamboyant que son patron mais tout aussi bien habillé.
Coach/Farrelle et sa bande portent des ensembles, bombers-pantalons, absolument déments et créés tout spécialement pour le film, comme la plupart des tenues.

image: www.highsnobiety.com
image: www.highsnobiety.com

J’ai déjà parlé de Fletcher/Grant.
Golding habillé de manière plus sport mais tout aussi coûteuse…

Un très bon article sur le style du film avec un interview du réalisateur des costumes. » Everyone in the film is using their clothes to project power and status, each in their own particular way, using the resources available to them, from billionaire gangsters to street gangs. »
La bande-son est parfaite.
Je n’ai pas parlé de la seule femme présente (si on excepte une jeune droguée, jouée par Eliot Sumner, également chanteuse et fille de Sting qui jouait dans Arnaques, crimes et botanique et de Trudie Styler)?
Michelle Dockery qui vient de Downton Abbey est la femme de Pearson, elle tient un garage pour ce qu’on suppose être une clientèle mafieuse. Le personnage est assez classique : une femme dure et autoritaire.