Shonda Rimes, vous la connaissez peut-être sans le savoir. C’est une scénariste afro-américaine (originaire de Chicago) et réalisatrice de 50 ans qui a créé les séries Grey’s Anatomy (jamais vue), Private pratice (jamais vue non plus), Scandal (j’ai commencé à regarder et je m’en suis lassée), How to get away with murder.
Bref une femme qui a du succès.
Une femme qui est la mère célibataire de trois filles (deux adoptées, une par mère porteuse).
Une femme très très occupée mais qui ne se sentait pas à l’aise en société.
On lui a demandé d’écrire un livre sur cette année où elle a décidé de sortir de sa coquille et de dire oui à tout ce qui lui faisait peur.  L’année du oui (Marabout, 2017) est un livre de développement personnel à la sauce américaine, écrit pour un très large public et qui décrit une sorte de renaissance (y compris une détox, non pas à l’alcool ou aux drogues mais à la nourriture).
Les points négatifs?
Beaucoup de phrases (beaucoup trop) courtes et de sauts à la ligne.
Voire un mot par ligne.
Ce qui fait inévitablement penser à Alphonse Allais et son fameux :
Mon sang ne fit pas cent tours.
Mon sang ne fit pas vingt tours.
Mon sang ne fit pas dix tours.
… (j’abrège pour ne pas fatiguer le lecteur)

Non mesdames, non messieurs, mon sang ne fit qu’un tour
Ou aux feuilletonnistes de la fin du 19è siècle comme le célèbre Ponson du Terrail
Beaucoup trop de phrases qui se répètent, comme un effet comico-dramatique dans un stand-up .
Beaucoup trop de mots en majuscules.
Pas mal d’auto-dénigrement.
Malgré tout, la lecture en est agréable parce que la personne qui écrit ce livre est dotée d’une énergie immense, d’une énorme ambition et d’une volonté à la hauteur des deux. Il y a des pages intéressantes sur sa vie avec ses filles et le temps qu’elle a fini par prendre pour elles.

Quelques bons conseils?
. La réussite est accompagnée de beaucoup de travail et aussi de beaucoup de choses qu’on rate.
Il peut être difficile de concilier une carrière et une vie de famille, même si on est bien aidée et organisée. C’est un peu comme les comptes instagram, ce qu’on voit ne reflète pas nécessairement la réalité.
. Renoncer à ses rêves (elle rêvait d’être Toni Morrison, prix Nobel de littérature, plutôt que scénariste de séries, mais au final, elle raconte des histoires, ce qui était son vrai rêve) ne veut pas dire échouer.
On ne peut pas chercher en permanence l’emploi idéal ou la vie idéale. Ce qu’il faut c’est faire des choses, et essayer des choses nouvelles.
. La perfection n’existe pas.
La preuve : Whitney Houston devait ses jolies coiffures bouclées à des perruques! Et les actrices hollywoodiennes, comme les scénaristes qui vont à des soirées prestigieuses, comme les femmes politiques, toutes portent des gaines très ajustées sous leur robe pour qu’aucun bourrelet ne soit visible. Gaines si bien ajustées qu’il peut être très difficile de les enfiler soi-même, et pire, de les ôter soi-même (elle a dû un jour demander à son chauffeur!).
Et être une bonne mère ne consiste pas nécessairement à faire soi-même les gâteaux pour les ventes de charité.
. choisir de dire oui et définir à quoi on s’engage.
Rimes a été une des premières à introduire de la diversité raciale, sociale et sexuelle dans ses scénarii.
Ce qui a causé beaucoup de travail, le repli sur soi en raison de la fatigue et une consommation excessive de nourriture grasse.
Comme elle le reconnait (et comme beaucoup le savent), la nourriture est un instrument assez magique pour étouffer plein de choses et anesthésier ses sentiments.
Donc, beaucoup trop de kilos plus tard, elle se trouve devant le dilemne : dire oui à une meilleure santé et perdre du poids ou dire oui à l’obésité.
Elle a choisi la première voie tout en voyant sa perte de poids comme un travail et même pire : « perdre du poids ne m’apportera aucune joie ».. Arrêter d’espérer de trouver du plaisir à un régime restrictif a été le déclic pour le commencer.
. accepter d’être fière de ses réalisations et même de plastronner
. savoir dire non (aussi)
Et finalement, écouter sa voix intérieure (quelqu’un comme Lili Barbery-Coulon ne dit pas autre chose).

image letemps.ch
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En complément de lecture,
« Faites de la place. Guide moderne du minimalisme » de Regina Wong (Belfond, 2017. Make space. A minimalist’s guide to the good and the extraordinary).
Un livre de plus sur le minimalisme après ceux de la Française Dominique Loreau (L’art de la simplicité, paru en 2005 chez Robert Laffont, suivi de bien d’autres) ou de la Japonaise Marie Kondo (La magie du rangement, Editions First 2011), très intéressant ce dernier d’ailleurs à ma grande surprise.
Vous aurez noté que le sous-titre français est bien moins enthousiaste et prometteur que le sous-titre anglais. Il y a dans ce livre quelques choses intéressantes à glaner qui relèvent parfois de conseils anti-stress davantage que de minimalisme tel qu’on se l’imagine.
Vous pouvez aller voir le blog de Mélanie Blanc La vie en plus simple ou celui très détaillé et argumenté de ce couple d’Américains très très frugaux qui lancent chaque année le défi du mois frugal .

*Le titre original est « Year of Yes« *.
« The year of yes » est le titre d’un livre paru précédemment (en 2006) que j’ai lu il y a quelques années. Maria Headley, 43
ans aujourd’hui, y raconte une année de rendez-vous (dates, comme on dit en anglais pour des rendez-vous potentiellement amoureux) à New-York : elle avait décidé de dire oui à tous les hommes avant de jeter son dévolu sur un homme plus âgé qu’elle (24 ans), scénariste et acteur. Son livre (non traduit) est plutôt drôle mais l’autricee avait pris soin de supprimer sur la page wikipedia de son mari toute allusion à son premier mariage…. Elle a divorcé depuis (du coup, l’ex mari a retrouvé sa première femme et ses enfants) et a eu un fils, prénommé Grimoire (ah les Américains et leur goût pour les mots français si exotiques, on ne les changera pas….).