La loi de Téhéran commence comme Casino Royale, les effets spéciaux en moins : par une course-poursuite. Tout aussi haletante.
Une descente de police dans une maison d’un quartier populaire. Un flic repère au sol l’ombre d’un homme qui fuit par les toits (magnifiques images) et se lance à sa poursuite dans des rues et ruelles poussiéreuses. Le fuyard jette un paquet derrière lui (de la drogue, on suppose), le flic s’arrête pour le ramasser et continue la poursuite. Le fuyard escalade un grillage et disparait dans un chantier.
Quand le flic arrive, suivi par un collègue, impossible de retrouver l’homme qui a totalement disparu.
Le spectateur, lui, sait où il est et ce qui lui est arrivé lors d’une scène proprement stupéfiante, vue quelques secondes avant.
Littéralement, on n’en croit pas ses yeux.

Ensuite, on se retrouve dans une immense décharge (voitures abandonnées, tuyaux de chantiers), remplie d’hommes et de femmes. Les premiers fument du crack, les secondes font la cuisine ou la lessive.
Descente de police. Tout le monde est embarqué. Des dizaines de personnes… Là encore, pas d’effets spéciaux pour créer cette foule.
Et c’est ce qui va caractériser l’ambiance de ce film : une foule oppressante de dizaines d’hommes serrés, entassés, dans des pièces et des couloirs.

lescinemasaixois.com
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 Malgré une enquête interne qui laisse un nuage de soupçon sur ses agissements, le personnage principal, l’inspecteur Samad Majidi (Peyman Maadi ) espère devenir commissaire  (on apprend au passage que les policiers sont obligés d’être mariés pour pouvoir exercer leurs fonctions,ils ne peuvent être ni célibataires, ni divorcés) et a une obsession : mettre la main sur celui qui vend le crack, un certain Naser Khakzad (Navid Mohammadzadeh) que personne n’a jamais vu.
La méthode de la police iranienne est faite de chantage, de menaces, de promesses.
De leur côté, les trafiquants essaient d’acheter les policiers pour se faire libérer.
Les prisons communes sont des vastes pièces sans fenêtres où tellement de détenus sont amenés au fil des heures que plus personne ne peut s’allonger ni même s’asseoir.
Pour les trafiquants, c’est la peine de mort.
Sur les flics, plane le soupçon (par leurs collègues, par le juge) d’avoir été soudoyés.

C’est un polar « à l’ancienne » en quelque sorte: puissance des personnages principaux et secondaires, importance des décors, scénario inexorable, ambiance sombre et dont la tension ne se relâche jamais.
Excellents acteurs. Lumière remarquable.

Avec des moments d’émotion (on pleure beaucoup dans ce film qui a quelque chose de Napolitain dans les cris et lamentations), des retrouvailles familiales: au final, ce trafiquant est aussi un homme, un fils, un oncle.
Sans oublier la beauté mélodieuse de la langue persane.

Le trafic de crack a effectivement explosé en Irak. Plus de 6 millions de personnes consomment de la drogue, notamment celle-ci, pas chère à produire, pas chère à acheter.
La critique de Dasola qui a beaucoup aimé aussi.

Le Caire Confidentiel de Tarik Saleh, sorti en 2017, était également un polar politico-social.

Pour le plaisir, la scène de poursuite de Casino Royale, très spectaculaire et très invraisemblable…