Mum (série anglaise) v/s Hamishim (série israélienne)
Arte.tv propose des séries formidables.
Mum, série écrite par Stefan Golaszewski, et Hamishim, série écrite par Yael Hedaya, en sont une preuve.
Deux femmes, l’une de 50 ans, l’autre de 60.
Deux veuves. Avec leur famille, leurs amis et leurs (inexistantes) amours.
La Cathy (Lesley Manville) de Mum est veuve depuis quelques jours quand commence la série.
Cathy ne laisse pas voir l’étendue de son chagrin et garde une patience de marbre face à son grand fils, Jason (Sam Swainsbury), désinvolte et égoïste, et la petite amie de ce dernier, Kelly (Lisa McGrillis), gaffeuse et maladroite, toujours en train de manger quelque chose.
S’ajoutent les beaux-parents, Reg (Karl Johnson) et Maureen (Marlene Sidaway), grincheux, toujours prêts à dégainer une remarque désagréable et le frère de Cathy, Derek (Ross Boatman), gentil garçon qui vit avec Pauline (Dorothy Atkinson), dont le premier mari était plus riche, plus chic, plus mieux en somme et qui regarde tout le monde de haut et du haut d’une rage permanente, celle d’être tombée si bas.
Tous considèrent comme acquis la gentillesse et la serviabilité de leur mère/soeur/belle-soeur et belle-fille.
Le seul personnage qui soutient Cathy en silence c’est Michael (Peter Mullan), ami de 40 ans du couple, divorcé, qui s’occupe de sa vieille mère. Homme timide et réservé qui couve Cathy d’un regard d’adoration sans oser prendre davantage d’initiatives.
Les deux premières saisons se déroulent sur une année. Toujours dans sa maison en banlieue de Londres. Cette banlieue modeste qui ne trouve pas grâce aux yeux de Pauline.
Le fil rouge de la série est bien sûr la relation entre Cathy et Michael: vont-ils arriver à se retrouver en tête à tête? Pourra-t-il enfin ouvrir son coeur? Qu’en pensera Jason qui aimerait bien au fond que rien ne change?
On se demande aussi combien de temps Derek va supporter l’insupportable Pauline.
L’humour est très anglais, les traits de caractère un peu outrés, les répliques mordantes.
Le spectacteur est happé par cette famille où tous, sauf Cathy et Michael, sont exubérants, grossiers, impolis, excessifs.
S. Golaszewski a réussi une comédie qui se passe dans la petite classe moyenne, dont l’héroïne est une femme de 60 ans qui n’a pas un physique hollywoodien, l’amoureux est un homme qui ne sait pas comment s’y prendre pour déclarer son amour et le décor est un pavillon très quelconque.
Pour Golaszewski, la maternité entraine pour la plupart des femmes « the loss of self », l’habitude de penser à soi. Cathy va redécouvrir petit à petit ses propres désirs et les affirmer.
Chaque personnage cache des raisons intimes qui l’amènent à se comporter comme il est, le plus souvent des blessures non avouées qui le rendent malheureux. C’est d’ailleurs comme ça que Cathy voit son insupportable belle-soeur : comme une personne frustrée et malheureuse. La 2e et surtout la 3e saison nous donnent quelques pistes pour mieux comprendre ces personnages qui nous ont souvent paru odieux.
La série (chaque épisode dure 30 mns environ) prend le temps d’explorer le passage de la tristesse du deuil à l’envie de retrouver l’amour et la gaité.
Les acteurs sont à contre-emploi pour la plupart, à commencer par Peter Mullan, habitué aux rôles de tueur et de gangster, transformé en amoureux transi.
Hamishim est une mini-série écrite par Yael Hedaya, la scénariste de BeTipul (En thérapie, la série qui a été adaptée aux Etats-Unis, en France et dans de nombreux pays. Egalement sur Arte.tv).
Alona (Ilanit Ben-Yaakov) est veuve, mère de trois enfants, deux ados et une fillette. Elle se bat pour imposer son nouveau scénario qui parle d’une femme de 50 ans, comme elle, et cherche, sans grande conviction, à retrouver sinon l’amour, du moins un partenaire sexuel. D’abord avec Tinder, puis en partant faire une randonnée à vélo avec le neurologue qui suit son père, atteint de sénilité. Les deux tentatives tournent au fiasco comique.
Quant à la vente de scénario, les deux productrices qui la reçoivent préfèreraient un personnage principal plus jeune de 10 ans.
Comme Mum, la série nous montre une femme qui supporte patiemment ses enfants à qui on flanquerait bien quelques claques. Et elle vit dans un appartement qui n’est pas particulièrement luxueux ou bien rangé.
Le point de suspense de cette série est : Alona vendra-t-elle son scénario ou trouvera-t’elle l’amour? Ou les deux en même temps?
C’est une courte (8 épisodes) série qui ne manque pas de moments drôles ou émouvants.
Daphna Levin est la réalisatrice (elle a également travaillé pour BeTipul). Les expressions anglaises émaillent la conversation (et parfois aussi dans La loi de Téhéran).
Tags In
1 Comment
Laisser un commentaire Annuler la réponse.
Abonnez-vous au flux de Niftyfifty!
- L’équilibre, c’est quoi pour vous? 13 décembre 2024
- En 2014, comme Marcel Jouhandeau, je parlerai de mes amants 25 novembre 2024
- Famille, je vous hais (ou pas) 23 juillet 2023
Nous avons apprécié ces deux séries dont les héroïnes présentent des points communs bien qu’appartenant à des univers différents. Un de ceux-ci est le caractère tyrannique et ingrat de leurs enfants qui, vous avez raison, méritent bien quelques claques. Leslie Manville et Peter Mullan sont toujours excellents dans tous les registres.