Saad Z. Hossain, romancier fantasque
Pour s’évader de cette période franchement morose (il fait froid, le virus circule, la politique nous envahit, les prix augmentent et vraiment qui aime Noël ?), se tourner vers Saad Z. Hossain est la meilleure idée du moment.
Deux livres ont été traduits en français de l’anglais (Bangladesh, par Jean-François le Ruyet) grâce aux éditions Agullo qu’il faut remercier pour ces découvertes.
Ce sont des livres difficiles à classer, peut-être dans l’urban fantasy, en tout cas, dans la bibliothèque où je l’ai trouvé, le 2e était au rayon SF. Mais ce n’est pas vraiment de la SF. pas non plus du polar. Il y a de l’aventure, des chemins initiatiques tortueux, des imbéciles heureux, des complots….
Bagdad, la grande évasion ! (Escape from Baghdad! 2013, 2017 pour la traduction) est un croisement entre les Tontons flingueurs qui serait un livre -ça canarde un peu dans tous les coins de manière plutôt désordonnée et les personnages ne sont pas tous très futés -, les westerns spaghettis (comme Le bon, la brute et le truand), les films de Guy Ritchie quand il est en forme (Snatch par exemple) et Les Mille et une nuits (on trouve des morts, ou plutôt leur âme, enfermés dans des jarres scellées, elles-mêmes rangées dans une pièce glaciale d’une maison à l’architecture complexe et impossible).
C’est drôle, palpitant, absurde, inattendu.
Par ci, par là, des notations sur la vie à Bagdad pendant l’occupation américaine qui sont tout sauf déplacées mais jamais de manière pesante.
Bref, une lecture plus que réjouissante, je dirais, indispensable.
On peut lire une courte mais pertinente critique ici.
Ensuite, attaquez-vous à Djinn City (même éditeur, même traducteur, 2020en France).
Encore plus fantasque. Tout aussi délicieux.
Un jeune garçon, Indelbed (je subodore un jeu de mots en anglais) découvre que son père alcoolique comateux est l’intermédiaire de haut niveau entre l’espèce humaine et les djinns, créateurs quasiment immortelles, souvent imprévisibles, capables de se transformer en n’importe quoi comme de disparaître en fumée. Les djinns, comme tout peuple qui se respecte, sont divisés en clans rivaux, certains voulant tout (comprendre notre planète Terre) faire sauter, d’autres étant mollement opposés à ce projet.
Mais Indelbed lui-même a des origines plus complexes que soupçonnées et porte peut-être même des gênes de dragon en lui.
Là encore, les jarres ont des pouvoirs magiques, un peu comme le Tardis (Time And Relative Dimension In Space) de la série anglaise Doctor Who -je ne vais pas vous expliquer le Tardis, mais en gros une cabine téléphonique peut être l’entrée d’un vaisseau spatial -, les jarres donc ont des dimensions intérieures insoupçonnées, les transformant en prison dont la sortie n’est pas aisée du tout.
Indelbed va-t-il trouver des alliés?
Les djinns vont-ils poursuivre leur projet d’anéantir l’espèce humaine?
On verra. Et on espère une suite, en français du moins, car il semble qu’elle existe déjà en anglais.
Critique ici.
Saad Z. Hossain, né en 1983, vit à Dacca au Bangladesh. Il est journaliste.
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