De l’amour je veux (ou pas) #8
En guise de conclusion (provisoire, qui sait? Il ne faut jamais dire « fontaine, je ne boirai plus de ton eau »), l’épilogue promis, longtemps après les sept premiers épisodes (1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 à lire au cas où vous auriez loupé quelque chose).
Comme souvent, ça n’avait pas si bien commencé.
La taille du candidat déjà : 1,63 m. J’ai certes perdu quelques centimètres à mon grand dépit, mais je suis nettement plus grande.
Et l’âge : 70 ans et même un peu plus.
Mais il ne faut pas s’arrêter aux détails, n’est-ce pas, sinon on* limite encore ses chances de faire une rencontre.
Dès les premiers échanges sur le site, j’ai eu droit à une sorte de bio expresse: où il avait passé son enfance, combien il avait d’enfants, ce qu’il avait fait, ce que faisaient ses parents, et j’en oublie, comme s’il y avait une urgence à déballer sa biographie pour me convaincre de le rencontrer.
Comme je manquais d’enthousiasme pour m’extasier devant ces informations, j’ai été relancée. J’en ai déduit in petto qu’il ne devait pas avoir beaucoup de réponses positives – ce qu’il m’a confirmé plus tard, mettant ça sur le compte de sa petite taille. Les femmes préfèrent généralement les hommes plus grands qu’elles et les hommes aiment les petites femmes plus « féminines ». C’est un cliché qui se vérifie (je ne parle pas du cas d’Arnaud Lagardère, qui suit les traces de feu son père pour ce qui est d’aimer les grandes perches). D’une manière générale, beaucoup d’hommes se plaignent sur les sites du faible nombre de réponses qu’ils reçoivent. C’est peut-être parce que leur message d’accroche est faiblard et parait trop « photocopié ». Ou parce qu’ils sont plus nombreux que les femmes?
Quand on me relance, et si je n’ai pas une aversion absolue, j’ai comme politique d’accepter un rendez-vous, « pour voir » et parce qu’on ne sait jamais… S’il fallait être toujours enthousiaste pour commencer quelque chose, on* ne ferait jamais rien.
Rendez-vous pris dans un café pas loin de chez moi un samedi. Pas loin parce que je n’avais pas envie de me déplacer étant donné l’insuccès des précédentes rencontres. Avec le temps, on* attrape la flemme et on* limite les efforts.
Je trouve un petit monsieur en train de manger, plutôt chauve (ou le crâne rasé, j’ai oublié, je l’avoue. En écrivant cet article, j’ai mis pas mal de temps à retrouver son nom, puis son prénom), assez mal sapé : une veste gris foncé rayée, genre rayures tennis, sur une chemise horriblement bariolée et un jean. Le genre pubard (ce qu’il était puisqu’il avait travaillé dans la pub) et artiste (ce qu’il disait être) mais d’il y a pas mal d’années quand même, un peu ringard pour dire les choses franchement.
Parlant d’une curieuse voix précieuse, efféminée, terriblement artificielle.
A part ça, plutôt jovial et détendu.
Me parlant des rencontres qu’il avait pu faire, il m’assène que l’habillement est essentiel à ses yeux d’esthète. Comme j’étais en noir, il lance un regard inquisiteur, puis approbateur, en me disant quelque chose du genre : en noir… ça peut aller.
Intérieurement je me disais : et toi? Tu ne te poses pas de question sur ton look?
En dépit de ça, ce premier rendez-vous se passe plutôt bien car il est drôle et bavard. Et nous avions quelques points communs, dont le fait de ne pas vouloir être en couple 24/24h et un intérêt pour l’art contemporain dont il était un véritable connaisseur et amateur.
On se revoit pour visiter un salon de peinture, genre FIAC, puis une expo à Beaubourg (j’ai aussi oublié laquelle, décidément….). Je me rappelle juste qu’on était encore en période covid et que l’accès à Beaubourg était limité (il n’y avait de toute façon quasiment pas de visiteurs), se faisait par la rue du Renard et pas par le parvis principal.
Il y a eu ce moment dans le métro où il me refait le coup du regard inquisiteur/approbateur en me disant : jolies lèvres.
S’il y a une chose que je déteste, c’est bien les hommes qui ont un regard et une attitude de maquignon. Pour un peu, ceux-là vous ouvriraient la bouche pour vérifier l’état de vos dents.
J’abrège…
Après qu’il m’eut fait remarquer que s’il était sur un site de rencontres, ce n’était pas pour aller voir des expos, je me suis résignée et ai accepté une invitation à dîner chez lui à l’autre bout de Paris, dans un quartier peu avenant.
Visite de l’appartement. Encombré de tableaux et d’oeuvres (les siennes ou pas. J’ai plutôt aimé ses réalisations ce qui a semblé le surprendre).
Diner bien préparé et « fait maison » comme on dit.
Dîner « avant » n’est pas une très bonne idée -je le signale en passant- , car on* est ballonnée et moins disposée aux agitations physiques avec un inconnu.
Il m’entretient de ses enfants qu’il avait dû prendre en charge après son divorce (à temps partiel, je suppose, mais je n’ai pas cherché à savoir), de sa vie professionnelle qui n’a pas été un long fleuve tranquille, de sa fragilité (un homme, c’est fragile, et celui-ci en particulier, il a vraiment beaucoup insisté sur ce point) et a parlé à plusieurs reprises de son « accident ». Le ton laissait entendre que c’était un « terrible » accident, je pensais voiture…. Au bout de la énième occurence, je me suis enquise de l’accident en question, car le sujet semblait d’importance.
Il s’avère que le monsieur a voulu changer une ampoule chez lui. Comme il est petit, il est monté sur un tabouret et sur le livre qu’il avait posé sur ledit tabouret. Le tout s’est bien évidemment cassé la gueule et lui aussi. Tibia explosé. Il a cru mourir… et moi, j’ai cru que je n’arriverais pas à me retenir de rire.
Moralité : si vous voulez parler d’un « accident », vous avez intérêt à ce que les circonstances ne soient pas ridicules.
Et puis?
Après le dîner?
La suite à la prochaine fois!
* le « on », c’est moi. Le « je » est un peu trop personnel et le « nous » utilisé par les rois et dans les écrits savants, un peu pompeux. Le « on » est un compromis.
Je ne crois pas qu’il m’ait posé beaucoup de questions, ni marqué un véritable intérêt pour ma vie professionnelle ou privée. En cela, il rejoignait le lot habituel des hommes qui ne parlent que d’eux et disent ainsi en creux ce qu’ils attendent d’une femme.
4 Comments
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Les sites de rencontre sont bien le seul endroit où les hommes sont plus nombreux que les femmes ! Ailleurs (restaurant, théâtre, cinéma, randonnée, voyage…), ils sont très nettement minoritaires. Ce n’est pas pour autant que la single de notre binôme serait tentée par les rencontres 2.0 ! Vos posts confirment ses réticences. A moins que…la prochaine fois…
Oui on ne sait jamais.
Bonjour Colette, j’attends la suite avec intérêt. Tu devrais envoyer tes textes à un éditeur. Ce que tu écris est hilarant. Merci pour ce moment de détente qui fait du bien. Bonne après-midi.
Que c’est gentil! Ca éclaire ma soirée de blogueuse (et même les soirées à venir).