Petite fable pour qui a des ennemis (l’âne et le loup, Esope)
L‘exposition « Beauté animale » dont j’ai parlé ici présentait un tableau italien du XVIème siècle illustrant la fable d’Esope*: l’âne et le loup.
étrange (car pourquoi un loup aiderait-il son futur repas à se sauver?) et classique (n’attendre de reconnaissance de personne et surtout pas de son ennemi « héréditaire »). On pourrait la sous-titrer : la bonté est bien mal récompensée.
Le Mulet voyant un Loup venir à lui, et craignant d’être pris, feignit d’avoir une épine au pied et d’être fort tourmenté du mal que lui causait cette épine. « Hélas ! mon ami, dit-il en s’adressant au Loup, je ne puis résister à la violence de la douleur que je sens; mais puisque mon malheur veut que je sois bientôt dévoré par les oiseaux de proie, je te prie, avant que je meure, de m’arracher cette épine que j’ai au pied, afin que j’expire plus doucement. »
Le Loup consentit à lui rendre ce bon office, et se mit en posture. Alors le Mulet lui donna un si grand coup de pied, qu’il lui enfonça le crâne, lui cassa les dents, et se mit à fuir. Le Loup se voyant dans un état si pitoyable, ne s’en prenait qu’à lui-même.
» Je le mérite bien, disait-il ; car de quoi est-ce que je me mêle ? Pourquoi ai-je voulu m’ingérer mal à propos de faire le Chirurgien, moi qui ne suis qu’un Boucher ? «
* Esope est un fabuliste dont la vie et les origines sont obscures et incertaines et qui aurait vécu au VIIème ou VIème siècle av. J.C. . Jean de la Fontaine a repris nombre de ses fables.
Question (morale) du jour et qui pourrait vous occuper cette fin de semaine : faut-il (prendre le risque de) faire du bien à son ennemi?
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4 Comments
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Je vais réfléchir à ta question mais d’emblée, je dirais non! Bon week end 🙂
Ce n’est pas l »ingrat qui doit être blâmé mais la victime de l’ingratitude qui n’a qu’à s’en prendre à elle-même d’avoir voulu aider, c’est-à-dire de ne pas s’être occupé uniquement de ses oignons…. Une vision très moderne qui correspond bien à certains comportements chez certains jeunes qui sont allergiques au concept de reconnaissance envers autrui.
C’est une fable un peu intrigante, surtout écrite à une période pré-chrétienne. On dirait un petit conte zen.
Si ça peut permettre à l’ennemi de devenir ami, pourquoi pas prendre le risque, mais je sais que je suis trop utopiste ! Cette histoire me fait penser aussi à celle de la grenouille qui accepte de faire traverser la rivière à un scorpion. Ce dernier finit par la piquer même s’il sait qu’il va se noyer avec elle, prétextant qu’il n’y peut rien puisque c’est dans sa nature…