Se souvenir de qui n’est plus fait entrer dans le présent un passé qui nous a apporté des émotions. Louise Brooks, l’actrice, Christine Pascal, l’actrice devenue réalisatrice et Colette, l’auteure, qui prennent part à ces Memento d’août ont compté pour leurs contemporains et comptent encore aujourd’hui. Elles ont toutes connu le succès et les échecs, les dépressions. Leurs vies  ont été  libres, hors des rails. Le prix en a été payé.

Christine Pascal, morte le 30 août 1996 à 42 ans, a d’abord été une actrice d’une grande beauté. Bertrand Tavernier l’a fait jouer dans

cinq films dont « L’horloger de Saint-Paul » (1973) et « Que la fête commence » (1974). A partir de 1979, elle a été une réalisatrice à la voix forte et originale. Sous sa direction, acteurs et actrices, comme Fabienne Babe dans » Zanzibar » (1989), le troisième film de Christine Pascal, après « Félicité » se sont révélés comme rarement ailleurs. Elle a tourné  « La Garce » (1984), puis « Le Petit Prince a dit » (1992).

 

Dans « le Petit Prince a dit » (1992), Anémone interprête un personnage très différent de ses rôles précédents en jouant avec Richard Berry un couple confronté à la maladie grave de leur enfant. A ce propos elle a dit : «Ce film correspond sans doute à mon âge, 39 ans, j’ai perdu l’insouciance de la jeunesse, je commence à vivre avec l’idée de la mort, de la maladie. Et puis, comme tout le monde, j’ai des amis séropositifs ou qui ont un cancer. On n’a pas encore mesuré à quel point le sida a détruit notre rapport à la sexualité. Notre génération s’est battue pour ça, c’était gai, sans problème, et tout d’un coup, toucher l’autre, c’est mourir. C’est terrifiant, aucune société ne peut vivre avec ça.» (Les cahiers du cinéma, cités dans Libération)
« Adultère, (mode d’emploi) », son dernier film (1995), avec Richard Berry, Vincent Cassel, Karine Viard, a connu moins de succès, peut-être à cause des scènes sulfureuses (on en reparlera) qui n’étaient pas renforcées par un scénario assez équilibré. Le film a contribué à l’image deVincent Cassel comme Bad Boy sexy face à Karine Viard.

On peut aussi la revoir chez Thierry Ardisson, interviewée en octobre 1989 (partie 1 et partie 2) dans l’émission tournée à l’époque au Palace. Elle n’hésite pas à répondre quand on lui demande quels sont, selon elle, l’acteur, le réalisateur le plus mauvais (je vous laisse voir vous-même), sa plus belle histoire d’amour (« avec un marin italien à Djibouti« ) et la pire histoire d’amour (« un type qui débandait quand j’allais jouir« ). Sa réponse à la question : « qu’est-ce que tu trouves le moins sexy chez toi? »  est : « mon intelligence, ma lucidité ». On ne saurait mieux dire (d’un point de vue conventionnel, les femmes intelligentes ne sont pas davantage appréciées aujourd’hui qu’hier) mais on voit comment ça a fini… Christine Pascal s’est suicidée alors qu’elle était en traitement dans un hôpital de Garches.