Berthe Weill (1865-1951) et Marie Laurencin (1863-1956)
Ce jour du 8 mars où l’on est supposé(e)s fêter les femmes – l’an dernier, je vous avais présenté un moyen d’être une femme plus belle et plus mince et le tout sans efforts-, a été l’occasion de rendre hommage à Berthe Weill morte il y a 62 ans.
On a oublié le rôle essentiel qu’a tenu cette petite (1,50m) femme myope dans la découverte et la présentation au tout début du XXe siècle d’artistes essentiels comme Picasso, Matisse, Marquet, Modigliani.
Née à Paris le 20 novembre 1865 dans une famille peu fortunée, elle est très jeune mise en apprentissage chez un antiquaire,où elle s’initie au marché des gravures du XVIIIe siècle, puis, au décès de celui-ci, ouvre en 1897 sa propre boutique d’antiqués. Mais le 1r décembre 1901, sa vie prend un tournant radical quand elle ouvre la « galerie B. Weill » dans le 9e arrondissement de Paris, rue Victor Massé. Les marchands d’art étaient plutôt tournés vers les peintres « officiels », ceux qui étaient acceptés dans les Salons. D’autres, comme le célèbre Ambroise Vollard davantage spécialisés dans les impressionnistes et les post-impressionnistes, Berthe Weill fut la première galerie à vendre des artistes contemporains peu connus et pas très bien acceptés. Non seulement elle était la première galeriste, mais en réalité elle était aussi la première
femme directrice d’une galerie en son nom propre.
C’est ainsi qu’elle fut la première à vendre des oeuvres de Pablo Picasso en 1900 , puis en 1905 les fauves dont Henri Matisse et Albert Marquet. Sa toute petite boutique sut attirer des collectionneurs et des investisseurs. Exigeante et peu portée aux compromis, elle ne disposait pas d’une fortune personnelle ou d’un sens marchand suffisant pour garder les artistes les plus prometteurs et finalement les Picasso, les Matisse et les autres furent séduits par des marchands qui leur promettaient des revenus plus importants. Elle continua à faire oeuvre de découvrir et ce fut chez elle qu’en 1917, eut lieu la seule exposition Modigliani réalisée du vivant du peintre. La présentation de 4 nus fit un scandale public et la police l’obligea à les décrocher, l’exposition fut maintenue malgré tout. Femme de tête, elle a toujours soutenu les femmes peintres: Marie Laurencin (1863-1956), Emilie Charmy (1878-1974), Jacqueline Marval (1866-1932) et Suzanne Valadon (1865-1938).
Le musée Marmottan, à Paris, organise la première rétrospective des oeuvres de Marie Laurencin (ci-dessous un autoportrait de 1905). 90 oeuvres dont une grande majorité provient du musée Marie Laurencin, à Tokyo, ouvert en 1983 à partir de la collection de M. Takano. On connait de Marie Laurencin ses aquarelles et tableaux aux tons doux et suaves. Son oeuvre comme sa vie mouvementées sont bien plus diverses…
Faute de revenus suffisants, la galerie Berthe Weill dut fermer en 1939. Partie vivre dans le 7e arrondissement, elle ne quitta pas Paris pendant la Seconde Guerre malgré les persécutions antisémites et mena une vie misérable jusqu’à la vente organisée par Maurice Rheims en décembre 1946 d’oeuvres offertes par 84 artistes qu’elle avait aidés. La somme recueillie lui permit de vivre convenablement jusqu’à sa mort le 17 avril 1951. On trouve ici une belle photo de Berthe Weill en compagnie de Lucie Bollag, soeur des galeristes suisses, Gustave et Léon Bollag.
En 1933, Berthe Weill publie ses Mémoires « Pan dans l’oeil » (La couverture originale rend hommage à ses yeux très bleus), préfacés par Paul Reboux et illustrés par Dufy, Pascin et Picasso.
Pour en savoir plus: le site officiel : http://www.bertheweill.fr/, créé par la jeune et dynamique Marianne Le Morvan, historienne, qui est la fondatrice et l’administratrice des Archives Berthe Weill. Les héritiers ne possédant aucun document, Marianne Le Morvan a reconstitué toutes les archives (catalogue, correspondance, photographie). S’appuyant sur sa thèse de doctorat, Marianne Le Morvan a également écrit la première biographie de Berthe Weill, publiée aux éditions l’Ecarlate.
Pour un petit pélerinage, une plaque vient d’être posée par la ville de Paris au 25 rue Victor Massé dans le 9e (proche des métros Pigalle et Anvers) pour rappeler l’existence de sa première galerie ouverte en 1901. Allez-y, le quartier est riche en découvertes architecturales! La place Saint-Georges où ont été tournées des scènes du dernier film de Christine Pascal, la rue Frochot, le musée de la vie romantique, le sublime musée Gustave Moreau dans l’hôtel particulier où vécut le peintre… Comme j’y étais, voici quelques photos!
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14 Comments
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Merci beaucoup 🙂
Merci pour ce billet très sympathique. Je me reconnais en Berthe Weill par la taille 1m50… Quant à Marie Laurencin, si je la connais de nom, j’ai vu hier chez un blogueuse un beau billet consacré à cet expo et je l’ai notée à mon agenda !
Il est certain que si je passe dans le quartier, ce qui est à peu près certain, j’ai un gros chantier à commencer Bld Rochechouart, tout près, j’irai voir cette plaque !
Bon weekend et à très bientôt
Désolée, c’est plein de fautes …. pardonne moi !
Avec vous, on apprend plein de choses !
Bon dimanche
J’aime me documenter et transmettre, pourtant je ne suis pas prof!
Merci pour cette belle histoire et comme dit Matching Points, on apprend toujours des choses intéressantes sur votre blog.
Je ne connaissais pas Berthe Weill, merci pour cette découverte!
http://www.bertheweill.fr vous y trouverez plein de choses sur le sujet 🙂
je connaissait Berthe Weill son nom est evoqué lors de la lecture du livre » de montmartre a montparnasse mais je ne connaissait pas son histoire
merci
Marie Laurencin j’irai voir son expo en juin
je vis en Alsace , je viens souvent a paris pour des expos
J’aime beaucoup Strasbourg, Colmar et l’Alsace en général. Une région magnifique!
Je conseille ce livre : https://www.amazon.fr/Berthe-Weill-1865-1951-galeriste-artistes/dp/2296560970/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1525164034&sr=8-1&keywords=berthe+weill
🙂
[…] parait-il, le Jour des Femmes. L’an dernier, Nifty Fifty and the City vous parlait de Berthe Weill et de Marie Laurencin. En 2012, il était question d’avoir le ventre plat. Le phénomène […]
Bonjour,
Vous dites dans votre article que les héritiers de Berthe Weill ne possèdent aucuns documents, hors ceci est faux puisque dans son ouvrage consacrée à la galeriste elle utilise une partie (petite certes ) de documents obtenues auprès d’un de ses descendants, Mme Lemorvan !
Ce n’est pas moi la spécialiste de Berthe Weil, mais Marianne Lemorvan… Donc si erreur il y a sur ce point très précis, est-ce plus important que le reste de l’article?