Dirty Sexy Money: »Margin Call », film de J. C. Chandor
Une nuit sous haute tension dans une société d’investissement ou une banque d’affaires quelques heures avant l’explosion d’un krach financier majeur, c’est l’histoire que nous propose « Margin Call », film de J. C. Chandor (impossible de trouver les prénoms derrière ces initiales! Si un lecteur ou une lectrice peut m’éclairer…), réalisateur de 37 ans dont c’est le premier film.
L’argent est un personnage récurrent du cinéma. De « la Banquière « de Francis Girod à Robin des Bois en passant par « Wallstreet » d’Oliver Stone, « Mesrine » de Jean-François Richet et la série « Dirty Sexy Money » et même « l’Argent » de Robert Bresson, il a endossé tous les rôles : le gentil voleur, le voyou au grand coeur, le salaud, l’escroc, le détrousseur de pauvres gens honnêtes et travailleurs…
On peut voir « Margin Call » si….
… si on aime Kevin Spacey ou Jeremy Irons ou encore Demi Moore. Née en 1962, cette dernière est une vraie Nifty Fifty (et une vraie cougar dans la vie réelle). Dans ce rôle, les traits tirés par une nuit blanche, elle assume son âge et finalement, ne semble pas trop devoir rendre de comptes à la chirurgie esthétique.
… si on aime apprendre que la personne la plus haut placée de ce genre d’établissement peut gagner 85 millions de dollars par an hors stock-options ; qu’un jeune trader à qui on demande de liquider des actifs pourris peut, pour ce faire, gagner 1,4 million de bonus en quelques heures ; qu’il est possible de demander à des personnes de rester assises dans une pièce fermée, sous la surveillance de vigiles, juste pour qu’ils ne révèlent pas l’imminence du krach et qu’on les paie la modique somme de 176 000 dollars par heure juste pour attendre la fin de la vente de ces actifs.
… si on a envie de se demander à quoi on utiliserait tout cet argent (le film donne des éléments de réponse d’un point de vue masculin. Genre : super-bagnole et super putes, pardon, call-girls. Evidemment…).
… si on veut savoir comment on fait pour devenir trader. L’un était ingénieur en aéronautique, l’autre a construit des ponts, tous le sont devenus pour gagner des montagnes de fric.
… si on veut savoir comment utiliser les applaudissements comme outil de management d’une équipe, surtout au moment où les trois-quarts de la dite équipe vient d’être licenciée (très intéressant, à copier).
… si on aime décerner les bons et les mauvais points. Qui est le plus sympathique? Le plus antipathique? Pour moi, le moins antipathique de tous est finalement le grand patron, Jeremy Irons, qui demande aux étages inférieurs de liquider au meilleur prix des actifs qui ne vaudront rien quelques heures plus tard ce qui contribuera à la destruction du marché. Pourquoi? Il est le seul qui ne cherche ni justification morale, ni excuse. Il fait juste le job, comme d’autres l’ont fait avant lui -au petit matin, il récite à Kevin Spacey la longue liste des années ayant vu des krachs boursiers, impliquant par là-même que des hommes comme lui et des sociétés comme la sienne s’en sont remis- et le feront après lui.
Morale du film? Personne ne résiste à l’argent, tous ont de bonnes raisons pour l’accepter. Sont-ils heureux? Sans doute pas au sens commun, mais l’argent c’est toute leur vie et sans lui, ils n’existent plus. Alors c’est une raison suffisante, peut-être, pour continuer à adorer le Veau d’or.
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Bonjour chere visiteuse, je commence à prendre mes marques dans votre univers
et j’apprécie…