Boldini v/s Edelfelt 2
Passer de Albert Edelfelt à Giovanni Boldini (1842-1931) lors de la même visite, c’est comme passer du Grand Nord au désert d’Arabie.
Boldini exposé au Petit-Palais jusqu’au 24 juillet n’avait pas eu les honneurs d’une rétrospective en France depuis 60 ans et on ne peut que se réjouir de celle-ci.
Si vous aimez Proust (Marcel), vous connaissez certainement ce portrait du comte Robert de Montesquiou, modèle du baron Charlus, peint en 1897.
Silhouette élégamment allongée par le peintre (sa marque de fabrique), touches légères, teintes distinguées et les détails raffinés des boutons de manchette assortis à la poignée de la canne.
Après Ferrare où il est né, puis Florence et Londres où il a vécu et travaillé, c’est à Paris que Boldini s’installe en 1872. C’est un excellent portraitiste.
Il peint des « scènes de genre » où pose sa compagne Berthe. Sa peinture se caractérise alors par de nombreuses touches très colorées, une virtuosité dans les détails des plis des vêtements ou du tapis, comme cette » jeune femme au crochet » (1875).
Ou cette autre jeune femme élégante traversant la rue, un bouquet à la main (1873). Un homme passant en fiacre se penche pour la suivre des yeux et guetter les pieds et les jupons qui apparaissent sous la jupe relevée pour ne pas la salir sur les pavés parisiens. On peut lire les enseignes d’une boutique de bonneterie et lingerie, et une autre de réparation de meubles. Une ménagère, châle sur le dos et panier accroché au bras, part faire ses courses. Un petit chien traverse en biais la toile.
Quelques années plus tard, Boldini qui mène une vie mondaine et amoureuse effrénées se lance dans les portraits de célébrités et d’aristocrates qui lui valent une renommée extraordinaire.
Il met tout son brio et son talent dans ces toiles « feu d’artifice » où les femmes sont idéalement minces, au point que certaines suivaient le « régime Boldini » pour pouvoir être peintes par lui.
Mais au fait, Boldini avait-il l’élégance de ses modèles?
Pas du tout! Il mesurait 1,54 m et si on en croit son autoportrait et les caricactures de son ami Sem (Georges Goursat), il était non seulement très petit mais assez laid.
On peut reconnaitre le poète et écrivain Jean Lorrain à gauche, à côté de Boldini et Montesquiou au centre.
Si je devais choisir entre l’univers un peu austère (sauf pour sa période parisienne) d’Edelfelt et les paillettes mondaines de Boldini, je prendrais celui de Boldini, à condition d’être la vedette et pas le second rôle (la nounou, la ménagère, etc)!
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4 Comments
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Quel plaisir de vous lire et de voir que vous profitez de votre été parisien. Vos posts sont super.
Coincée en campagne profonde, je vous envie : les piliers de l’unique bar local sont petits et repoussants, comme Boldini, mais ils n’ont pas son talent artistique… Heureusement, je me tire en Suède dans deux semaines !
Je sors d’une longue période de morosité qui ne m’a pas incitée à écrire. Autres expositions passées à venir (c’est un peu bizarre comme expression) et toujours avec les détails qui m’intéressent et peuvent attirer le regard sur des particularités. C’est beau la Suède.
Nous n’avons vu que l’expo Boldini. Un peintre que nous ne connaissions pas, une heureuse surprise. Scènes de genre ou portraits, des œuvres qui mettent de bonne humeur. Le plus : les vitrines de robes du soir d’époque. Pourquoi et artiste, riche et célèbre de son vivant, a-t-il été si peu mis à l’honneur ces dernières décennies ?
Mystère… Trop sophistiqué peut-être?