Comment tu t’appelles? Le prénom (film de Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte).
Comment vous allez l’appeler?
Tiré de la pièce éponyme, « le Prénom » est un film* distrayant et fédérateur. Outre l’unité de lieu (l’appartement des puissances invitantes) et l’unité de temps (un dîner), il utilise les vieilles ficelles comiques des diners juifs sépharades : les discussions bruyantes, la dramatisation des situations, la théâtralité des propos, l’obsession de la bouffe en grande quantité, l’omniprésence de la mère. Et les ressorts comiques des contrastes socio-professionnels : le professeur de la Sorbonne à cheval sur l’utilisation de la langue française face à l’agent immobilier blagueur et porteur de Rolex (il n’a visiblement pas attendu d’avoir 50 ans!), la professeure de lycée de banlieue mal fagotée face à la… (on ne sait pas trop en fait) créatrice d’une société dans la mode.
Le début est très drôle. La suite plus convenue dans l’enchainement des dialogues où chacun à son tour devient le bouc émissaire de l’assemblée. Cependant les Nifty Fifties qui ont des frères apprécieront certainement ….…
le personnage d’Elisabeth (Valérie Benguigui), dite Babou, la professeure de banlieue, épouse de l’universitaire (Charles Berling) et soeur de l’agent immobilier bourré de fric (Patrick Bruel). Dans ce combat de catch, elle lui assène que leur mère (Françoise Fabian) a toujours et de tout temps tout passé à son fils et qu’elle, la soeur, a toujours dû débarrasser la table sans parler du reste. Il est intéressant de noter qu’elle reproduit exactement ce modèle de femme dévouée à l’Homme de la maison avec son mari. Car, oui, souvent, très souvent, on reproduit dans sa vie d’adulte le modèle de ses parents. Et quand on croit le fuir, y échapper, on réalise, arrivé à mi-chemin de sa vie, qu’on l’a quand même reproduit sans s’en rendre compte.
Bruel est parfaitement à l’aise dans le rôle du type qui ne prend rien au sérieux. Berling, en universitaire étriqué, montre un talent comique tardif. Guillaume de Tonquédec est absolument tordant dans un personnage prudentissime qui ne veut se fâcher avec personne mais n’en pense pas moins.
Le plus réussi est l’appartement. De grandes pièces avec des lambris et des murs crasseux. Des tonnes de livres – sur des étagères, sur les meubles, par terre. Une accumulation de bibelots et de photos. Une cuisine sombre et étriquée. Un vrai appartement d’universitaires et d’intellectuels qui négligent le design, les murs blancs et les meubles de créateurs pour mettre en avant la Culture et les auteurs rares!
* Réalisateurs: Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte. Avec Patrick Bruel, Valérie Benguigui, Charles Berling, Guillaume de Tonquédec, Judith El Zein, Françoise Fabian..
Générique de fin original.
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[…] scène du film en témoigne). Ce qui est absolument superbe dans ce film, comme dans le Prénom, c’est le décor, l’utilisation des différents lieux. Le pavillon de banlieue […]
[…] qui est absolument superbe dans ce film, comme dans le Prénom, c’est le décor, l’utilisation des différents lieux. Le pavillon de banlieue (Sevran, […]