In Memoriam Confinement#8
Il y a 7 ans, à quelques jours près, ma mère mourait dans son EHPAD, porte de Bagnolet, deux mois avant ses 89 ans.
Aujourd’hui encore, je pense souvent à elle, à sa solitude en partie recherchée, en partie subie, et il n’est pas facile d’écrire ces lignes sans verser une larme. Le deuil est décidément bien long à gérer.
Hier, dimanche de Pâques, j’ai regardé la messe du pape François, 83 ans, que j’ai trouvé plutôt fatigué physiquement mais toujours d’attaque pour ce qui est de son homélie très politique.
Dans le missel latin-français que j’ai chez moi et que j’ai pris pour suivre cette messe en latin, j’ai retrouvé ces deux cartes.
Une vue assez kitsch de Notre-Dame de Pompei, sanctuaire fondé en 1875 par Bartolomeo Longo (1841-1956), docteur en droit (notes au dos de la carte de la main de ma mère) et cette carte de Lourdes envoyée par mon père à ma mère. J’avais bien dû la voir mais je l’avais complètement oubliée.
Mon père était VRP (voyageur-représentant-placier, ce qu’on appelle « commercial » de nos jours) à l’époque où la France était encore grande, sans TGV, sans autoroutes, et il partait des mois entiers, en train ou en Deux-Chevaux, faire des tournées pour la maison d’instruments chirurgicaux qui l’employait. Il allait beaucoup dans les cliniques tenues par des bonnes soeurs (d’où Lourdes) qui l’adoraient car c’était, hors de la maison, un grand charmeur.
Donc en 1956 (date ajoutée de la main de ma mère), il lui écrit. Ils ne sont pas encore mariés. Le téléphone coûte cher, ma mère ne l’avait pas chez elle et c’était compliqué. Il lui écrivait beaucoup et souvent, je pense, mais cette carte fait partie des très rares courriers qu’elle a gardés. Ma mère a gardé des photos, tous mes dessins d’enfants mais aucune des lettes de mon père. Peut-être a-t-elle tout jeté après sa mort, on n’en a jamais parlé.
Lui n’allait pas à la messe et n’était pas croyant. Pourtant il brûle un cierge comme elle le lui a demandé.
J’associe à ce In Memoriam mes amies Marie et Cécile. La première a perdu sa mère, Paule, en même temps que moi la mienne. La seconde a perdu ses deux parents et on se disait qu’on n’aurait pas voulu vivre cette épreuve en ce moment où tout est si difficile.
J’associe aussi les amis et la famille de Sébastien, que je ne connais pas, mort cette nuit d’un cancer du pancréas alors qu’il avait à peine plus de 40 ans.
Si ce billet vous évoque vos disparus, ils sont associés à cette pensée de ce lundi de Pâques, jour qui inaugure, dans la religion catholique, un temps de paix et de joie.
Oui je verse une larme (des larmes même), mais dans ma rue, les clochards s’interpellent à coups de « ta gueule » et « m’en bats les c….), il y a donc un peu de rire aussi car la vie est là.
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Votre post est très touchant. Nous avons encore nos mères, très âgées les deux et vivant chez elles. L’une va fêter ses cent ans. Pourrai-je aller la voir en Allemagne pour fêter avec elle et toute la famille ?
Heureusement il y a des moments de rire, de complicité et d’amitié. Ce sont comme des fenêtres dans notre quotidien
PS On attend toujours la recette du gâteau allemand …
Je mets en ligne la recette simplifiée sur le billet Confinement#7 !
merci !