La vie parisienne
Un certain nombre de mes amis, anciens Parisiens/Parisiennes, partis en régions, dans les territoires, en province quoi, ne supportent plus la vie parisienne. Trop de bruit, trop de voitures, trop de gens, trop de pollution. Moi-même je regrette parfois l’époque du confinement où je pouvais traverser le boulevard Saint-Germain sans regarder. Et les mêmes choses m’exaspèrent.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845) est né près de Lille. Il arrive à Paris en 1785 et n’en part plus, il est enterré au cimetière du Père-Lachaise dans le 20e arrondissement. Le délicieux musée Cognacq-Jay, spécialisé dans l’art du XVIIIème siècle dans le Marais, présente des oeuvres de Boilly (l’exposition se termine le 26 juin), peintre facétieux autant que précis.
Boilly s’est beaucoup représenté lui-même, sous la forme d’auto-portraits, avec ses amis ou en amoureux avec sa femme, dans la rue ou lors du souper en famille.
Dans chaque tableau, on repère des chiens, chiens de rue
ou petits chiens de salon.
Il a eu une activité intense de portraitiste peignant des tableaux sur commande en deux heures, tous au même format.
Son oeil malicieux et aiguisé sait nous montrer les populations qui se croisent sans vraiment se parler : les porteurs de valises, les enfants qui mendient, l’élégant bourgeois et sa famille qui ne veut pas donner d’argent à celui qui a mis une planche pour lui permettre de traverser une rue sans être trempé jusqu’aux genoux les jours d’orage. Voyez l’homme qui encaisse l’argent de la main gauche et tend la main droite pour réclamer son dû. Madame et le petit garçon ont chacun leur chien.
Un enfant (qui pourrait tout aussi bien travailler comme ramoneur, Boilly en a représenté, ou montrer une marmotte apprivoisée) fait un spectacle de marionnettes et de musique devant une mère de famille et ses trois enfants.
Il faut prendre le temps de regarder les détails, souvent drôles, qui donnent vie aux tableaux.
Le jour du carnaval, tout le monde se déguise.
Même le chien a un masque – sur l’arrière-train!
On peut voir aussi des surprenants trompe-l’oeil.
Non, le verre du tableau n’est pas cassé. C’est un trompe-l’oeil très réussi. D’ailleurs tout le monde touche la vitre pour s’en assurer.
Aujourd’hui Boilly serait peut-être photographe et sur Instagram. Il nous montre comment voir l’insolite dans les situations ordinaires.
Il parait qu’aller voir des expositions est bon pour le moral. De celle-ci, je suis sortie enchantée.
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Mais que c’est dommage, l’une de nous a manqué de peu cette exposition ! Un veritable témoignage d’une époque. La comparaison avec Instagram est bien trouvée…
Passez un bel été, au musée il fait frais !
Boilly a un oeil et une peinture malicieux!