« Le souvenir de tes caresses me rend un peu fou »
Ces quelques mots ne m’ont pas été adressés. Notez tout de même, lectrices/lecteurs que ç’aurait pu être le cas, mais écrit-on encore aujourd’hui de cette manière?
« Le souvenir de tes caresses me fait défaillir. Mais j’adore aussi t’en faire et tu n’as pas à craindre que je sois jamais lassé. Depuis longtemps je suis d’avis que le plaisir qu’on donne attache plus que celui qu’on reçoit ».
Ces phrases sont plus directes, moins littéraires que celles qu’échangeaient Alain Fournier et l’actrice Pauline Benda. Mais il s’agissait là de deux personnes lettrées et fréquentant les artistes.
Tandis que ces phrases font partie de lettres écrites en 1916 par un militaire à la femme qu’il connait depuis qu’elle a quatre ans (il en avait 25) et avec qui il entretient une liaison passionnée depuis 1913. Il a alors 60 ans et derrière lui, entre autres choses, une longue carrière d’homme à femmes, d’homme qui ne s’est jamais marié et n’a jamais eu d’enfants.
Ses prénoms sont Henri Philippe Bénoni Omer mais il n’a utilisé que le deuxième.
Eh oui, c’est …le maréchal Pétain!
Pour cet homme, pourtant décrit comme impassible, froid et peu bavard, -ses camarades de Saint-Cyr l’avaient même surnommé Pétain le Bref- les femmes furent la grande affaire de sa vie, de Gaulle lui-même en a témoigné.
La citation est extraite du livre de Hervé Bentégeat, « Et surtout pas un mot à la Maréchale. Pétain et ses femmes » (Albin Michel, 2014). Livre très inégal et plutôt superficiel qui ne traite partiellement du sujet annoncé.
Eugénie, la destinataire de ces lettres passionnées, finira par obliger son amant à l’épouser en 1920, non sans l’avoir menacé d’un pistolet : « Ce sera moi ou une balle dans la peau ». Le mariage ne calmera pas les ardeurs du soldat qui continuera pendant plus de 20 ans ses rendez-vous dans des hôtels. Il faut dire qu’Eugénie avait perdu de sa beauté : « La muse départementale était devenue une assez formidable vieille femme, aux épaules carrées, au menton en galoche, qui faisait songer à une armoire à glace du dernier siècle »….
Difficile de faire plus méchant! La grande passion du maréchal était alors Jacqueline de Castex, veuve avec deux petites filles.
Pour ce qui est des curieux et peu usités prénoms donnés à cet homme d’origine paysanne, Omer se fêtait le 9 septembre (vous connaissez peut-être la ville de Saint-Omer) et Bénoni (qui veut dire « le fils de ma douleur ») est le fils de Rachel qui meurt en accouchant et que Jacob renomme Benjamin. Son père se prénommait Omer-Venant (qui peut aussi se décliner en Venance).
Si vous cherchez des prénoms rares, en voici trois!
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Etonnant portrait d’un homme que l’on ne soupçonne pas d’un goût si charnel – et la morale de l’histoire : il ne faut jamais obliger un homme à se marier…
Bonjour Colette, tu m’apprends quelque chose. Je ne savais que le Maréchal était un tel « homme à femmes ». Comme quoi… Bonne après-midi.
Moi non plus et ça l’a vraiment occupé toute sa vie! De l’intérêt des bibliothèques publiques et du coup d’oeil jeté sur la table à l’entrée… Je teste des sujets, des auteurs, des titres, comme celui-ci.
C’est la face cachée du maréchal…Etonnant !